
Le 4ᵉ Observatoire des arrêts de travail du Groupe APICIL, réalisé avec le Groupe JLO, révèle une progression de l’absentéisme en 2024. La santé mentale, l’âge et les conditions de travail demeurent au cœur des disparités. Pour les RH, ces données rappellent l’urgence de renforcer les politiques de QVCT, de prévention et de maintien dans l’emploi. Plus qu’un baromètre social, l’absentéisme devient un indicateur clé de la performance humaine et durable de l’entreprise.
Après deux années de repli post-pandémie, l'absentéisme repart à la hausse. Selon la 4ᵉ édition de l'Observatoire des arrêts de travail du Groupe APICIL, menée en collaboration avec le Groupe JLO, le taux d'absentéisme en France s'est établi à 4,41 % en 2024, contre 4,27 % en 2023. Une progression modérée, mais révélatrice d'un climat professionnel sous tension.
Réalisée auprès de 53 000 entreprises et de plus d'un million de salariés, l'enquête révèle que 26,98 % des travailleurs ont connu au moins un arrêt de travail en 2024, contre 26,32 % en 2023. En moyenne, chaque salarié concerné a connu 1,83 arrêt, d'une durée quasi stable de 19,85 jours.
« La santé mentale a été érigée en Grande Cause nationale, et ce n'est pas un hasard », souligne Thomas Perrin, directeur général adjoint Services du Groupe APICIL. « Les salariés constituent un pilier essentiel de la performance durable des entreprises. Préserver leur santé mentale et physique, c'est investir dans l'avenir. »
Des arrêts plus fréquents, mais de durée stable
Près de 27 % des salariés ont connu au moins un arrêt de travail en 2024, contre 26,3 % l'année précédente. Leur durée moyenne reste stable, autour de 19,85 jours. La maladie demeure la cause principale de l'absence (plus de 9 arrêts sur 10), loin devant les accidents du travail (4,55 %) et les temps partiels thérapeutiques, en forte progression (+17 %).
Les arrêts de longue durée, souvent liés à des troubles psychologiques (burn-out, dépression, fatigue chronique), représentent désormais plus de 40 % des dossiers suivis par la cellule médicale d'APICIL. Les troubles musculo-squelettiques (TMS), eux, comptent pour un tiers des cas, confirmant la double vulnérabilité physique et mentale du monde du travail.
Femmes, seniors, ouvriers : une triple fracture sociale
Le rapport confirme une inégalité persistante selon le genre, l'âge et le statut professionnel.
• Les femmes présentent un taux d'absentéisme de 5,19 %, contre 3,60 % pour les hommes, avec des arrêts plus longs (20,6 jours en moyenne contre 18,8).
• Les seniors de 60 ans et plus affichent un taux 1,74 fois supérieur à celui des moins de 30 ans (5,68 % contre 3,26 %), avec une durée moyenne de 33,7 jours, près de trois fois plus longue.
• Les ouvriers restent les plus touchés, avec 6,54 % d'absentéisme, soit 2,77 fois plus que les cadres.
Ces écarts s'expliquent par la pénibilité des postes, le vieillissement de la population active, et une organisation du travail encore inégalitaire. Les emplois à forte exposition physique, souvent occupés par des femmes ou des salariés âgés, restent les plus vulnérables.
Les secteurs du soin et de l'éducation sous pression
Le secteur de la santé, de l'économie sociale et de l'éducation concentre à la fois le taux d'absentéisme le plus élevé (5,68 %) et la durée moyenne d'arrêt la plus longue (22,97 jours). Ces métiers, en première ligne depuis la crise sanitaire, continuent de subir une forte usure psychologique.
À l'inverse, les services aux entreprises enregistrent le taux le plus bas (3,29 %), mais c'est dans ce secteur que la hausse est la plus marquée (+0,35 point).
Les nouveaux visages de l'absence au travail
La santé mentale s'impose comme le marqueur le plus préoccupant. Chez les 30-39 ans, les pathologies psychiques représentent déjà 27 % des arrêts longs, traduisant une quête accrue de sens et de reconnaissance.
Les facteurs générationnels et organisationnels se croisent : perte de repères, intensification du travail numérique, frontières floues entre vie professionnelle et personnelle. Autant de signaux d'alerte pour les directions RH.
Transitions à venir : numérique, démographie et écologie
Dans son analyse prospective, Stéphane Roose, directeur associé du Pôle Conseil du Groupe JLO, identifie trois transitions majeures susceptibles de redéfinir le lien entre santé et emploi :
• La transition numérique, où l'automatisation et l'IA générative pourraient accentuer la charge mentale sans accompagnement adapté.
• La transition démographique, avec un allongement des carrières et des besoins accrus d'adaptation ergonomique et de reconversion.
• La transition écologique, qui expose de plus en plus les travailleurs --- notamment ceux en extérieur --- aux risques climatiques et environnementaux.
« Ces mutations appellent à une écologisation du travail », estime Stéphane Roose. « Il faut intégrer la prévention et la qualité de vie au travail au cœur des stratégies des entreprises. »
Un indicateur de société
Au-delà des chiffres, l'absentéisme demeure un baromètre du malaise social et organisationnel. En 2025, il interroge la capacité des entreprises à concilier performance économique et engagement humain.
« La QVCT n'est plus un simple levier RH, c'est un impératif stratégique », conclut Thomas Perrin.
Pour en savoir plus
Téléchargez les résultats de l'observatoire des arrêts de travail ainsi qu'une infographie explicative.
• Observatoire des arrêts de travail : https://www.groupe-apicil.com/wp-content/uploads/2025/09/Rapport-OAT-Vdef.pdf
• Infographie et chiffres clés de l'observatoire : https://www.groupe-apicil.com/wp-content/uploads/2025/09/Infographie-OAT-vdef-scaled.jpg
Publié le 7 octobre 2025
Rédigé par Officiel RH
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