
Pour les DRH, près d'un emploi sur deux présente un risque d'obsolescence des compétences à trois ans, selon le dernier Baromètre Cegos. Les salariés se disent prêts à se former pour s'adapter, en s'appuyant sur les webinaires, le e-learning ou le e-tutorat.
De la continuité dans le changement. Réalisé en juillet auprès de 1.800 salariés et 250 DRH d'entreprises privées de 50 collaborateurs ou plus, en France, Allemagne, Italie et Espagne, le baromètre 2020 « Transformations, Compétences et Learning » de Cegos démontre l'accélération des mutations liées au Covid dans ce secteur de la formation continue dont il est leader. « Il apparaît que les entreprises ont fait un gros effort pour adapter leurs formations pendant et depuis le confinement : 88 % ont ainsi continué à former en ligne leurs collaborateurs, mettant l'accent sur les métiers qui devaient évoluer le plus rapidement comme les commerciaux par exemple », constate Mathilde Bourdat, le directeur Offre et Expertise formation de Cegos.
En France, un salarié sur deux s'est formé à distance pendant la pandémie, et même 64 % pour la moyenne européenne, avec un indice de satisfaction de 97 % pour ces classes virtuelles, webinaires, e-learning, et autres e-tutorats. Les deux-tiers de ces formations étaient prévues avant la crise et ont basculé à distance si nécessaire, tandis que le tiers restant correspond à des modules rajoutés pour aider les salariés à faire face à la situation, sous l'incitation notamment des aides gouvernementales.
S'adapter à la technologie
Sans surprise, si les cours proposés par les DRH ont concerné à 60 % le « Bien travailler en télétravail » dans tous les pays interrogés, la France se distingue par son appétence pour le cursus « Gérer son stress » mis en avant par 56 % des entreprises contre 30 % pour la moyenne européenne, alors que « Piloter des projets à distance » était retenu à 52 % chez nos voisins contre seulement 39 % dans l'Hexagone. « Une certitude, la pandémie a accéléré le passage à la formation à distance pour 86 % des responsables de ressources humaines qui pensent y recourir davantage après la crise », poursuit Mathilde Bourdat.
L'autre volet du baromètre porte sur les enjeux de transformation des entreprises en termes de compétences. Ainsi 27 % des sondés estiment que les évolutions technologiques (intelligence artificielle, robotisation) pourraient faire disparaître leur métier et 81 % modifier le contenu de leur travail. « Il n'y a donc pas de déni de réalité, contrairement à la vision des responsables de ressources humaines qui ont tendance à surévaluer à quel point les collaborateurs se sentent dépassés. Elément rassurant : salariés et RH sont confiants à 92 % dans la capacité de leur organisation à anticiper ces transformations. Et 90 % des collaborateurs sont prêts à prendre l'initiative d'une formation », note Christophe Perilhou, Directeur Learning et Solutions, de Cegos.
Le développement des compétences est considéré comme un levier stratégique face aux transformations par 85 % des sondés. Et les DRH privilégient à 75 % la mise à niveau de leurs forces vives, plutôt que les recrutements externes (48 %) ou les reconversions (36 %) pour adapter l'entreprise au changement. Les salariés considèrent même que cette montée des qualifications relève de leur responsabilité partagée avec l'employeur : les 2/3 sont prêts à se former sur leur temps personnel et 1/3 à financer leur formation.
Former massivement dans un temps court
« Les entreprises vont devoir de plus en plus former massivement dans un temps court. La transformation s'accélère, induisant le challenge de construire des écosystèmes apprenants, des plateformes offrant des solutions multiples et adaptables au fil du temps », relève encore Christophe Perilhou. Fondamental alors que les DRH considèrent qu'un emploi sur deux présente un risque d'obsolescence à horizon 3 ans, et que, signe de maturité des salariés, 8 sur 10 se disent attentifs à cet enjeu.
Et l'expert de citer par exemple les conseillers bancaires confrontés à la robotisation croissante des offres, qui devront donc s'orienter vers de l'expertise à plus forte valeur ajoutée, ou les employés de caisse qu'il faudra embarquer vers d'autres filières comme la vente.
Consolidation du marché
Pour tous, les compétences digitales et comportementales doivent être renforcées : savoir communiquer au travers du numérique, insuffler l'esprit d'initiative, collaborer à distance… Avec des formations faciles d'accès, simples, voire ludiques, au plus proche des situations réelles de travail.
Alors que 67 % des DRH estiment que leurs dépenses de formation sur fonds propres vont se stabiliser, Cegos, présent dans 12 pays, constate une rentrée globalement bonne pour le secteur qui devrait terminer l'année 2020 « avec une baisse de chiffre d'affaires de 20-25 % si la seconde vague de la pandémie est faible, de 40 % si elle est forte », selon Guillaume Huot, membre du directoire de Cegos.
La crise, engendrant une demande de formation fortement digitalisée, pourrait entraîner un phénomène de consolidation du marché, qui passerait à une logique plus industrielle.
Publié le 15 décembre 2020
Source : Les Echos Entrepreneurs
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